Les Fêtes du couronnement du roi George V, Londres

 

 

Les Fêtes du couronnement du roi George V, Londres

RM 220 - Angleterre

Les Fêtes du couronnement du roi George V, Londres

1911

Huile sur carton

Signé des initiales en bas à droite "J.E. Bl"

80 x 103 cm - 31''3/8 x 40''1/2 in.

Provenance :

Musée des Beaux-Arts, Rouen, inv. 1924.1.6. Don de l’artiste en 1924

Expositions :

1997, Rouen, musée des Beaux-Arts, Jacques-Emile Blanche, peintre (1861-1942), 15 octobre 1997-15 février 1998, n° 38, p.122-123, p. 122 reproduit en couleur

Bibliographie :

Benrubi Isaak, «Jacques-Emile Blanche», Kunst für alle, t. XXIX, 1913, p. 121 à 130, p. 129 reproduit
Jacques-Emile Blanche, Portraits of a lifetime, J.M. Dent & Sons Ltd, Londres, 1937, p. 245 reproduit en noir et blanc

 

Edouard VII mourut le 6 mai 1910 à Buckingham Palace après un règne fort court d’à peine neuf ans. Néanmoins, les anglais le regrettèrent vivement pour sa bonhomie et sa joie de vivre. Le caractère rigide et dynastique du règne de Victoria disparut pendant le règne d’Edouard, qui fut "pas un lettré mais un homme naturellement capable, la tête sur les épaules et le cœur sur la main", d’après sir Theodore Martin. Sir Edward Grey écrivit dans ses Mémoires (vol. I, p. 206):: "Il devint de plus en plus populaire, et le people de plus en plus fervent. A sa mort, la longueur inouïe du cortège devant la dépouille mortelle à Westminster Hall fut l’expression du chagrin profond de chacun ainsi que d’un vrai deuil national. […] Tout le pays ressentit sa mort comme une grande perte, particulièrement ses ministres qui étaient désormais en première ligne, en raison de leur responsabilité dans la conduite des affaires de la nation.". Le roi George V, âgé de quarante-cinq ans à la mort de son père, avait passé toute sa vie d’adulte dans la marine royale. Il règnera jusqu’à sa mort, en 1936, mais n’aura jamais le charisme de son père. Bouleversé par la mort de celui-ci, il écrivit dans son journal : "J’ai perdu mon meilleur ami et le meilleur des pères […] Cela me fend le cœur et je suis écrasé par le chagrin, mais Dieu saura m’assister pour mes lourdes responsabilités et ma chère May [sa femme, la reine Mary] sera, comme toujours, mon réconfort." Le 13 mai 1910, une semaine après le décès d’Edouard, George devint le roi George V, mais, pour des raisons de deuil national, le couronnement officiel n’eut lieu que l’année suivante, en juin 1911. Le roi George raconte lui-même le déroulement de la cérémonie dans son journal : "Le ciel était couvert et nuageux, il y avait des averses et la bise soufflait mais cela valait mieux pour les gens qu’une forte chaleur […] May et moi-même quittâmes les palais de Buckingham à dix heures et demie et le carrosse du couronnement, tirés par des chevaux couleur crème. Cinquante mille hommes, placés sous le commandement de Lord Kitchener, bordaient les rues et des centaines de milliers de personnes nous firent un accueil grandiose. Le service funéraire à l’abbaye [Westminster] était magnifique mais fut une épreuve terrible. C’était sublime, et pourtant simple et empreint de dignité. Tout se déroula sans la moindre anicroche […]" Blanche, dans Portraits of a Lifetime, raconte que Paul Cambon lui avait commandé des tableaux du couronnement de George V pour l’ambassade de France, mais il n’exécuta que les esquisses, dont la première se trouve à Manchester et les autres au musée de Rouen. Il raconte que le jour du couronnement, il se trouvait à Arlington Street : "Lady Marjorie et sa sœur Diana [Manners] voulurent me donner une idée de la cérémonie et mirent la robe de leur mère et la cape de Duc de leur père […] le diadème était quelque peu abîmé : des morceaux de carton tenaient lieu de perles. » Quelques jours avant, il avait assisté à une « répétition générale » de la cérémonie depuis la tribune diplomatique, pendant qu’un attaché d’ambassade prenait des photos, dont il s’inspira pour ses tableaux. Blanche évoque ici cette procession impressionnante dans les rues de Londres pavoisées : le « State coach » (carrosse royal), peint par Cipriani (1727-1785) et entièrement sculpté et doré à la feuille pour le roi George III, n’est utilisé que lors des couronnements et pour l’ouverture officielle du Parlement, une fois par an en novembre. Il est tiré ici par six chevaux couleur crème harnachés aux couleurs royales. On peut voir au premier plan les uniformes des Highlanders, qui présentent les armes et, derrière le carrosse, le Household cavalry, qui accompagne toujours le roi. Trois semaines après le couronnement, en juillet 1911, eut lieu l’investiture du prince de Galles à Carnavon Castle, où le roi George V présenta son fils, le futur Edouard VIII, au peuple gallois. Blanche évoqua également cette scène dans une étude qui se trouve aussi au musée de Rouen. La cérémonie, plus théâtrale que solennelle, cette fois-ci, provoqua une légère brouille entre le père et le fils, car le jeune prince Edouard trouvait son costume médiéval tout à fait ridicule !

 

 

 

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